Phillippe Devaux et Greg Malpas . Tout d’abord, je ne vous connais pas. J’ignore qu’elle est votre « statut canin ». A priori vous me connaissez bien. Peut-être m’avez-vous déjà rencontré? Moi, je ne me rappelle pas de vous et je ne me rappelle pas avoir lu un article sur un point précis de vous. Mais je ne doute pas que vous soyez une de ces pointures reconnues dans notre profession !!! (C’est ironique. Pardon.) J’en doute et pense plus que vous adoptez une sorte de posture de chien de garde, certainement influencé par votre passion du chien ou le maître en qui vous croyez. En lisant votre post, je crains que vos connaissances, et j’espère ne pas vous heurter, manquent de précisions. Avez-vous lu le livre du Colonel Robert Dommanget? Vous y trouverez des détails très précis sur la méthode traditionnelle. Et vous verrez qu’un chien n’a pas besoin de relationnel avec le maître pour effectuer sa tâche. La méthode traditionnelle ne reposant pas sur l’affectif, mais la pure contrainte. C’était la méthode d’autrefois. Heureusement, cette méthode « dure » et disons stupide est révolue. Enfin je l’espère. Bien sûr nous parlons de chasse et de défense, discipline qui s’appuie toutes les deux sur des instincts forts pour le chien. Ce que je veux dire, c’est qu’il est possible d’être dur, de serrer, (et d’ailleurs qu’il faut parfois l’être) un chien sur la passion, vu que la passion est plus fort que tout. Le chien peut endurer la sanction, avec un dosage précis lors de son apprentissage, si derrière il reçoit ce qu’il aime, en l’occurrence courir derrière un gibier, par exemple ou le rapporter. Quand il est vraiment passionné, il n’y a pas grand-chose qui l’arrête, y compris les blessures infligées par l’animal traqué. Ca c’était la méthode traditionnelle. Là, nous sommes dans un lien utilitaire. (Cf article sur le lien épinglé sur cette page, vous verrez, c’est intéressant, si je vous assure). Aucun affectif, pas dans le sens que je l’entends. A l’armée, j’ai participé à l’entraînement des chiens d’opérations extérieures et je peux vous dire que nous étions dans l’utilisation pure, sans structure. On envoyait le chien, pas de cessation, on le décollait de l’homme d’attaque, qui était en costume de déconditionnement, en pendant le chien et en faisant bien attention qu’il ne se retourne pas d’excitation ou par frustration. Les chiens étaient tellement conditionnés, fous de mordre et c’était leur utilisation, leur fonction, qu’il était impossible de les ramener à la voix. Je parle bien de chiens d’opération extérieure, de chiens que l’on utilise comme des armes, pas des chiens que l’on utilise pour faire la promotion de l’armée, lors de manifestations. Ce n’est pas tout à fait pareil. C’était de vrai durs, qui étaient-là pour faire le job. Avez-vous déjà mis un costume de déconditionnement ? Je n’en doute pas. En ce qui concerne l’agility. Ce n’est pas une discipline naturelle. Slalomer, sauter, passer dans un boyau n’est pas la première option qu’il choisira, s’il a le choix. Dans la nature, un chien contourne toujours. Sauf, si la passion ou la faim le taraude. Pour avoir eu un club d’agility loisir durant plus de 12 ans, et où la récompense alimentaire a toujours été prohibée, nous avons réussi à faire évoluer les chiens en utilisant que la voix, une dynamique et la confiance au maître, qui n’est pas de l’affectif, qui permet de le construire, qui est un ingrédient, mais qu’il ne faut pas confondre avec l’affectif. Je précise que nous n’étions pas en compétition, mais loisir et que nous ne faisions pas vraiment évoluer le parcours. Ce chien partait avec son maître et dans l’action l’oubliait pour finir le parcours seul. Le maître partait du départ et rejoignait directement l’arrivée où il retrouvait son chien, qu’il flattait. Le chien était passionné, sans excès, mais suffisamment pour laisser son maître et partir s’éclater seul. C’était le choix du maître. Nous n’étions pas dans l’affectif. Le chien prenait ce qu’il voulait. Ca amusait le maître. C’était, je le redis, son choix. Dans ce cas de figure, ce n’est pas l’affectif qui portait le chien, mais la passion, comme à la chasse, comme à la défense. D’ailleurs, l’affectif a ses limites. (Quand je parle d’affectif, je parle d’un affectif réciproque, que le chien voue au maître et réciproquement. La plupart des chiens sont dans un lien utilitaire. Je sais, ça vous emmerde, mais c’est comme ça). En compétition, l’affectif ne suffit pas. Peut être que parfois, oui, mais j’en doute profondément. C’est pourquoi on utilise d’autres gratifications pour motiver le chien. (Friandises, jouets). A partir du moment où vous utilisez autre chose que vous-même pour récompenser, c’est que vous ne représentez pas suffisamment d’intérêt pour motiver le chien. C’est là où on cherche un moyen de corruption. Pour l’humain, c’est le pognon. Pour le chien, c’est la bouffe ou le jouet, à ne pas confondre avec le jeu ! Oui, corruption, c’est fort. c’est mon style, utiliser des mots forts de signification pour faire comprendre. On matérialise la récompense, qui n’est plus un sentiment, l’affection, par un artifice. D’ailleurs quand on a de l’affectif, le chien loupe plus facilement un obstacle pour revenir vers le maître pour jouer avec lui. Bref, bref. Un jour j’ai écrit ça: La récréation sociale donne au chien de l’intérêt pour son maître. L’attitude de celui-ci, le plaisir qu’il a d’être près de son chien, son attention, le jeu stimulent chez le chien, non pas son estomac, mais son cerveau. C’est « l’euphorie cérébrale ». Entre remplir l’estomac de mon chien ou lui nourrir le coeur et l’esprit, il y a longtemps que j’ai choisi de continuer de me rouler dans l’herbe avec lui. Quand on touche le cerveau d’un chien, on atteint le coeur ! Quand on l’achète par l’estomac, le cheminement naturel est le rectum ! J’ai bien l’impression en revisualisant la séquence, que notre championne se prend un vent, un pet d’ignorance pour reprendre l’image!!!! Reprenons le cas de notre championne, celui qui vous fait penser que je suis incompétent, un mauvais éducateur ! Je le répète, ce n’est pas son travail, son parcours, qui reste parfait, qui est un travail poussé et méritant, mais la fin, qui me choque. Le chien exécute-t-il son parcours par affection de sa maîtresse ou pour se faire plaisir ? En observant le final, on se rend bien compte que l’affection qu’il porte à sa maîtresse est en dessous de se qu’il voue à sa récompense artificielle. Elle se baisse pour le recevoir, le récompenser, le câliner et il se casse. On est dans un conditionnement poussé, un travail, respectable, propre, parfait, mais pas dans l’affectif. C’est tellement poussé, que c’est une espèce de robotisation. Comme l’a signalé Thierry, le chien sort pour recevoir sa gratification, car il semblerait qu’elle est interdite sur le ring. Quel drôle de règlement !!! Tu finis ton parcours, tu fais la fête à ton chien, point barre. Non, il semblerait qu’il faut sortir. A priori, il n’y a que moi pour trouver ça bizarre. C’est un peu si comme humain après avoir remporté un marathon, tu cours vite au chiotte pour crier ta victoire. Ah, c’est de l’humilité. Désolé, je n’avais pas compris. En observant bien, la maîtresse ne semble pas connaître ce point du règlement, car elle se baisse pour recevoir son chien, elle n’attend pas de sortir. Heureusement, que la bête, elle, connait son règlement, car si c’est un point de disqualification, ils n’auraient pas gagné. Bref, on ne va pas discourir pendant des heures. Vous confondez « affectif » et « passion ». Ce n’est pas grave. Mais au lieu de venir diffamer sur mon mur, chez moi donc, certainement car vous êtes influencé par votre maître, qui fait de vous non pas un homme critique, mais un mouton, non pas un original, mais une copie, vous feriez mieux de venir dans ma cour que je vous explique et que je vous démontre par démonstration ce que je viens de découvrir et que je creuse. J’ai dit à l’une de mes stagiaires, cette semaine, en lui montrant quelque chose de précis : « Là , tu viens de gagner 30 ans ». Je suis à 45€ de l’heure. Si vous faites le déplacement, je paye l’apéro !Pour finir, je vais vous raconter comment j’ai commencé à me poser des questions. Figurez-vous que j’ai une femme, et oui, j’en ai une qui me supporte, tous ceux que je connais, lui disent « ô combien, elle est courageuse » ! Je sais que vous comprenez, pas moi. Quand je l’ai connue, elle ne connaissait rien au chien, dans le sens structuré du terme. Parfois, elle me balançait quelques remarques, que bien entendu, en connard de mec, je balayais d’un revers de la main par cette petite phrase, bien connue : « ouais, ouais, bien sûr ». Sous entendu, « Qui tu es toi ? » Et les gars, ce n’est quand même pas une gonzesse qui va nous expliquer!! Tous les chiens dont elle s’est occupés en 9 ans, on un rapport très fort avec elle. Un jour, nous passons devant la grille, d’un parc où j’avais mis l’une de ses chiennes avec d’autres. La chienne regarde Virginie et pleure derrière la grille. Et elle de me dire : t’as vu comme elle m’aime ? Vous savez ce que j’ai ressenti, de la jalousie. Virginie, elle n’éduque pas ses chiennes. C’est tout juste, si elles savent s’assoir. Elle ne leur apprend même pas la suite en laisse. Pas besoin, ses chiennes sont collées à elle comme un morpion à une paire de couilles !! Ils ne se sauvent pas, ils sont toujours autour d’elle. Et vous savez pourquoi ? PARCE QU’ELLE LES AIME, mais vraiment. Le problème de notre profession, c’est l’homme, qui s’aime plus qu’il aime son chien. On est égocentriste, prétentieux, arrogant, orgueilleux. On est des mecs, quoi ? Et bien moi, je n’irais pas jusqu’à me couper les couilles, mais je vais essayer de travailler mon côté féminin, j’ai presqu’envie de dire mon côté plus humain. C’est ce que je fais depuis un an avec Maya et je n’ai jamais ressenti ça avec l’un de mes chiens. Même Syp. D’ailleurs, Syp a vite préféré Virginie à moi. Vous allez trouver ça con, mais j’ai l’impression qu’elle m’aime, ma petite Maya. Bref, c’est en observant ma femme avec ses chiens, ma femme qui n’y connait rien, que j’ai compris l’essentiel. Quand on a du lien, on n’a même pas besoin d’éduquer, au sens strict, son chien. Je ne dis pas que l’on ne met pas de règles, que c’est l’anarchie, la fête du slip, juste un savoir vivre. Connaissez-vous ma femme ? Non. Vous savez pourquoi ? Elle se fout de la compétition. Elle se fout d’être connue, de briller. Elle, ce qu’elle aime, c’est la simplicité d’une balade avec ses chiens. Certains pédants diront-elle qu’elle est simpliste, peut être même simplette. Mais en attendant, beaucoup aimeraient avoir avec leur chien, le lien qu’elle obtient avec les siens!

Aucune compétence dans le chien, juste le chien au fond du coeur.

Y-a-t-il d’autres personnes comme elle ? Les maîtres dont on s’occupe. Ils peuvent admirer le travail compétitif, mais ce n’est pas ce qu’ils recherchent chez eux. Je vous le rappelle : « je ne veux pas d’un chien de cirque ». Ils veulent de l’affectif. Et là où vous vous trompez, quand je dis qu’un chien ne s’éduque pas, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de boulot pour les professionnels. Bien au contraire. Car l’affection, c’est simple et très compliqué à la fois. « La simplexité» pour reprendre le mot d’Idriss Aberkane. Et il faudra de bons professionnels, qui devront être capables de bien faire prendre conscience aux maîtres, qu’il ne faut pas confondre « affection » et « anthropomorphisme ». Ce qui vous emmerde, ce n’est pas le contenu de ce que je dis, mais l’impact qu’il pourra avoir sur les professionnels, qui suivent ou n’ont suivi que des formations prodiguées par des élitistes du chien, qui prônent le dressage poussé, conditionné, robotisé comme modèle à suivre. La plupart des particuliers, non seulement s’en moquent, mais comme ma femme, recherchent la simplicité d’un rapport. Voilà ce qu’à peu près, mes chers, vous m’auriez dit, si vous aviez eu un peu de lettres et d’esprit. Mais d’esprit, ô, le plus lamentable des êtres, vous n’en n’eûtes jamais un atome et de lettres, vous n’en avez que trois qui forme le mot sot. Magnifique, non. (Cyrano de Bergerac, j’avais oublié de le préciser). Vous m’avez traiter d’incompétents, de mauvais éducateur canin, je me permets de vous rendre la pareille, mais je n’y prends pas plaisir. Je suis plus homme à la paix qu’à la guerre. Si un jour, vous passez dans le coin, messieurs, venez me voir, il n’y a pas de choses que l’on ne puisse régler autour d’une bonne bouteille ! Et si vous êtes respectueux, je vous laisserais peut-être discuter avec ma femme, qui depuis un peu plus d’un an est devenu l’un de mes maîtres.
Bonne journée. Etienne Girardet

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