A mon ami Christian, avec lequel encore hier j’ai passé un bon moment. Je ne voulais plus publier à cause de l’interprétation que l’on fait des mots, que certains dénaturent pour parader ou exister sur la toile! Mais bon, devons-nous cesser d’être, à cause d’une poignée d’imbéciles qui critiquent. En fait, je m’en tape. “On ne peut pas plaire à tout le monde”. Tant que je plais ou que mes écrits sont validés par des personnes comme Christian, que j’estime être “sage”, je continuerais. Merci mon ami pour ton soutien. Je précise que Christian est un maître lambda, un bon maître, qui aime les chiens, qui aime sa petite chienne.
INTRODUCTION :Une étude de Harvard, qui s’est déroulée sur plus de 70 ans et dont l’objectif était d’étudier des individus tout au long de leur vie pour connaître ce qui pouvait rendre l’homme heureux, a donné ses premières constatations dernièrement. Alors que le maître de projet, le quatrième depuis le début de l’étude s’est retrouvé entouré d’une classe de Harvard, il leur demanda : « D’après vous quelle est la chose qui rend heureux ? » Certains ont répondu que le bonheur se trouvait dans la réalisation d’un confort matériel, d’autres qu’il se trouvait dans l’accomplissement de son job et j’en passe ». Le maître de projet leur répondra « non » et lâchera cette phrase qui semble évident, mais que nous avons hélas oubliée : « Le bonheur se trouve dans les liens que vous tisserez tout autours de vous, auprès de vos amis, de votre famille, de vos enfants, de votre épouse, votre époux, des personnes que vous rencontrerez. Mais de ces liens, celui que nous entretenons ou que nous avons entretenu avec nos parents semble déterminant pour notre réussite future. Les individus qui ont été suivi depuis plus de 70 ans, que ce soit des plus défavorisés aux plus riches sont unanimes, « le lien, l’amitié que l’on construit est fondamental au bonheur ». Cependant il est intéressant de séparer celui que l’on développe ou que l’on a développé auprès de nos parents qui est une base solide pour notre avenir. Je crois que ce lien, si on le transpose à la relation qui doit unir un homme à son chien se gagne dans les premiers mois. Mais à condition d’être un bon « père » pour son chien ! Cette dernière phrase semble un peu anthropomorphique, je l’admets. Son but n’est pas d’humaniser le chien en suggérant que nous sommes des parents pour lui, mais juste d’utiliser un mot pour insuffler l’idée que l’éducation et surtout la construction du lien est le résultat d’une approche plutôt paternaliste. Comment définir le lien qui nous unit à nos chiens ? J’y réfléchi encore et ça risque de me titiller jusqu’à mon dernier souffle. QU’EST-CE QUE LE LIEN?Le lien, ce mot qui peut être autant négatif qu’il peut être positif. Par définition, le lien rattache un élément à un autre. Il peut connoter cette dépendance servile, qui nous endoctrine par la force, attaché à une idée que l’on nous impose. Il peut signifier une emprise physique, un enfermement, un repli, un reniement de tout ce qui est soi pour suivre la vision d’un toi. Il peut être menottes pour contrôler, corde pour attacher ou laisse pour contenir ! La laisse est-elle donc un moyen d’asservir son chien, de le contraindre à accepter sa condition, « d’être » intellectuellement inférieure ? Je ne le crois pas. Car la laisse peut être le départ d’un lien salutaire. Tout est question d’utilisation. Autant paradoxal que ça semble, la laisse est le lien physique, lequel semble visuellement « asservissant », qui aidera à construire le lien impalpable de la complicité, à construire ce fameux lien « affectif ». Contenir le chiot n’est pas tant une contrainte, mais une nécessité qui permet de canaliser, d’éviter qu’il ne se disperse pour l’amener à découvrir son maître, à l’apprécier, à s’y fixer. Attendu que ce dernier soit « appréciable » et comme je l’ai dit tout au long de mes années canines, qu’il soit intéressant ! Parce qu’attacher un chien, l’empêcher d’aller là où sa spontanéité, son insouciance, son opportunisme l’entraîne sans compenser en retour, sans lui offrir autre chose sera indubitablement considéré comme une contrainte ! Le lien a donc deux facettes, d’un côté il peut être négatif, de l’autre, il est positif. Il est le ciment, la base de la complicité entre l’homme et son chien. Il est la « ficelle » imaginaire, qui construit la relation et qui pousse le chien à ne pas aller chercher ailleurs, ce qu’il a auprès de son maître. Mais le lien peut avoir bien des connotations. Il peut être contraignant, physique, asservissant, conditionné, automatisé, robotisé, complice, vital, environnemental, corrupteur, artificiel, intra-spécifique, inter-spécifique, nécessaire, sécuritaire, utilitaire, affectif, pédagogique, capricieux, pathologique et psychologique, mais il est surtout social. Alors creusons un peu, si vous voulez bien. LA PRIMO-CONSTRUCTION DU LIEN (Avant 6 mois)Vous venez d’acquérir votre chiot. Il a deux mois. Rien ne vous attache à lui, où plutôt, rien ne l’attache à vous. Il était encore, il y a quelques instants auprès de sa fratrie, avec frères et sœurs. Il avait ses repères. Le nombre, la petite meute qu’ils constituaient tous, le rassurait. Soudain, tout se brise. Il perd tous les repères auxquels il croyait. Ses repères sociaux. Le voilà dans la voiture sur les genoux d’un humain, qu’il ne connait pas. Imaginez un instant le « traumatisme » que peut procurer cette situation, quand on y réfléchi. C’est pourtant l’instant où tout démarre. C’est le point de départ du premier lien qui unira l’un à l’autre. (Sens individuel ou familial) Nous entrons dans le lien « vital », contraint, forcé. Nous sommes dans un forçage auto-adaptable. On ne lui a pas laissé le choix. Il doit s’y faire et nous devons l’aider, sans vouloir l’accaparer, le surprotéger. Il est nécessaire qu’il apprenne le plus vite possible à prendre sur lui. C’est un instant délicat. Mais si l’éleveur a bien fait son travail, il s’estompera aussi vite que le chiot s’adaptera à sa nouvelle vie. L’avantage est que le chien qui est un animal de meute va chercher à la reconstruire. Pour son bien-être, pour qu’il se sente psychiquement bien, il devra s’attacher à celui, à celle, à ceux qui lui semble dignes de confiance. On est dans le lien « vital », une sorte de passerelle psychique fondamentale qui s’impose par la force des choses, entre l’homme et lui. C’est un lien sécuritaire. Rappelons que ce lien sécuritaire prend racine dans le terreau de sa prédisposition sociale. Pas besoin de chercher à l’établir. Il s’installera par nécessité. Sa vulnérabilité, son appréhension lui impose. Il doit s’y faire et chercher qui l’aidera à s’y faire au mieux et au plus vite. Le chien est un animal de meute. Il aime le nombre. Contrairement à l’homme, qui est devenu individualiste et égocentriste, le chien puise sa force dans le groupe. Il n’aime pas la solitude et cette forme de frustration sociale que procure cette mise à l’écart. Le plaisir social, le fait d’être accompagné avec quelqu’un qui permet l’interaction. Le confort psychologique, matériel, que suggère ce « vivre ensemble », connecte logiquement le chien à l’homme, qui est devenu une sécurité, une ressource et une distraction ou disons plus justement, une récréation, quand il s’en donne la peine. L’interaction nécessaire entre l’homme et son chien doit se construire en grande partie dans le jeu, le plaisir d’être ensemble. C’est ce que je nomme « la récréation sociale ». C’est pourquoi, l’homme doit être opportuniste et tenter de capitaliser « intelligemment » sur ce lien social, qui permettra de jeter les fondations de celui que nous recherchons tous, celui de l’affection, au sens canin ! Mais attention, capitaliser ne signifie pas trop en faire au point de nourrir une autre forme de lien, qui peut être capricieux celui-là, voire pathologique. Tout est question de méthode, de bon sens et de dosage, de juste milieu ! Vous aurez quelques mois pour le construire, le renforcer, le nourrir, j’entends « l’entretenir » mais sans l’acheter à la nourriture. Ce lien qui vous rattache ou vous attache à votre chien, qui est « sécuritaire » au départ, doit être travaillé, mais surtout doit être contenu. Je m’explique. Vous entendrez partout que votre chien doit se socialiser, doit être confronté à la société pour qu’il s’y fasse et ne l’appréhende pas. Vous entendrez qu’il est important de nourrir le lien « environnemental » et intra-spécifique, celui qui le confronte à son environnement pour le premier et à sa propre espèce pour le second. J’admets volontiers qu’il est important. Mais pas dans les premières semaines. Surtout pour celui de « l’intra-spécifisme » ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est naturel. Le chien est plus facilement connecté à son congénère, qu’il ne l’est à l’homme. Il le comprend d’autant mieux qu’il en décrypte facilement le langage, qui est le sien, qui est intrinsèque. La question que je me pose depuis longtemps maintenant et qui est la suivante : Pourquoi vouloir connecter davantage le chien à son congénère, alors qu’il l’est instinctivement, plutôt qu’à l’homme qui est devenu son maître, son protecteur, son « ami », son leader, son chef, son guide, voir son « pote » ? Pourquoi ne pas construire la relation qui doit unir le chien à l’homme plutôt que de chercher à la déconstruire en lui permettant d’accéder plus facilement à ce qui est normal, naturel, évident, qu’à ce qui l’est moins, comme la relation inter-spécifique, celle qui doit rapprocher l’homme et le chien ? Votre chien doit-il vivre avec vous ou la société ? Le lien qui unira l’homme au chien est une sorte de lien « contre nature ». Même si le chien est un animal domestiqué, il y a tout de même un travail à réaliser, qui dans un premier temps s’exerce chez l’éleveur, puis chez le maître. Je le redis, si l’éleveur a bien fait son travail, l’homme est devenu une espèce amie, donc tolérée. Une espèce en qui le chien aura confiance, attendu que nous ne perdions pas cette confiance. Si l’éleveur l’a construite, il nous restera à la consolider, lui donner du corps et transformer cette confiance, qui est un moyen, en lien. Car la confiance est une étape. Mais elle n’est pas le lien et de celui-là, le lien affectif. Alors je l’écris à nouveau : Pourquoi travailler trop tôt, sur un lien qui est naturel, qui va de soi, plutôt que sur le lien « contre-nature » au départ, qui impose de rapprocher deux espèces différentes ? Je pense que nous sommes inconséquents dès le départ en voulant « surconnecter » notre chiot à ses congénères. C’est notre première erreur. Oui à la socialisation, mais pas à celle qui favorise la désobéissance ou qui ne permet pas au maître de se connecter intelligemment à son chien. Je pense que la conception que nous avons développée sur le rapport que nos chiens doivent entretenir entre eux, le plus tôt possible est l’une des causes essentielles de l’abandon ou de l’échec relationnel entre le maître et son chien. Plus nous détacherons le chien de l’homme et réciproquement, plus il sera facile pour le maître de se séparer de son chien. A contrario, plus nous lierons les deux, plus ils resteront ensemble ! Notre approche qui veut absolument faire de nos chiens des êtres sociables entre eux n’a de conséquence que celle de louper la relation qui doit unir un maître et son chien. Attention, je ne dis pas que nous devons l’occulter. Je précise qu’il semble plus judicieux de commencer par connecter l’homme au chien et surtout la réciproque. Puis, quand le chien nourrira un lien affectif suffisamment fort, non pathologique, avec son maître, nous devrons lui permettre de tisser des liens avec ses congénères, mais pas nécessairement. LE LIEN UTILITAIRE:Si nous manquons le lien de l’affection auprès de notre chien, que nous restera t-il ? Tout simplement ce fameux lien utilitaire qui relie le chien au maître pour ce que ce dernier peut lui apporter, uniquement sur ce qu’il donne. Ce lien transforme le maître en larbin, qui promène, qui nourrit. « Je m’intéresse à toi pour ce que matériellement tu m’apportes, pas, parce j’aime être près de toi ». Le lien utilitaire n’est pas à considérer uniquement sur le rapport que le chien entretient avec son maître. Il se construit bien souvent sur la négligence, le non savoir, l’entourage et l’incompétence du maître. Certes ! Mais pas seulement, car le maître ne recherche pas nécessairement un lien affectif avec son chien. Il peut vouloir développer juste une utilité, comme défendre la maison. Pour ce faire, il n’a pas vraiment besoin d’aller plus avant dans la relation. Le lien utilitaire a donc deux facettes, celle qui positionne le chien comme un opportuniste qui ne recherche du maître que le confort, l’assouvissement des besoins fondamentaux et les petits avantages et l’autre qui est une sorte de consensus entre l’homme et le chien, qui ne demande à ce dernier qu’à être utile, en échange de quoi le premier s’en occupe et pourvoie à ses besoins. Quand on utilise la croquette ou tout autre artifice pour rappeler son chien, qui sans ce subterfuge, ne reviendrait pas, n’est-ce pas une forme d’échec affectif ? Nous sommes dans le lien utilitaire, le lien opportuniste, intéressé. C’est pourquoi la méthode « positive » peut conduire à l’échec, quand l’utilisation de récompenses alimentaires devient la règle, la finalité ou tout simplement le seul moyen pour ramener son chien. Pour moi, Je signe et persiste, commencez à rappeler le chien avec une friandise est un échec. C’est un lien alimenté. On achète le chien. On fait semblant de faire croire à celui qui nous observerait, que le chien est proche de nous, alors qu’il est juste intéressé par l’artifice qu’est la friandise, qui est devenu le symbole du lien corrupteur. C’est déjà pour moi une forme de rééducation ! Quand l’homme doit utiliser un artifice pour inciter son chien à revenir près de lui, c’est qu’il ne représente pas suffisamment d’intérêt pour son animal. Utiliser la friandise pour marquer un déclic chez le chien pour tel ou tel exercice, pourquoi pas, mais rapidement le maître doit la substituer à sa propre personnalité, attendu qu’elle soit stimulante, pour fixer le chien à lui-même, plutôt qu’à l’artifice. La friandise peut être un moyen pour atténuer l’appréhension de départ à chaque nouvel ordre, que l’on veut inculquer au chien, mais ne doit jamais devenir un réflexe systématique. Sinon, nous sommes dans un lien de corruption. « Si tu viens, je te donne ta dose » ou encore « Viens et je te donnerais ton cadeau alimentaire ». La croquette est devenue pour nos chiens, ce que le fric est à l’homme, un moyen de le corrompre ! C’est un système corrupteur. Vu comme ça, la méthode positive n’est plus tout aussi sexy ! Ce que j’essaie de vous faire comprendre, c’est qu’il y a un véritable décalage avec les méthodes que l’on a développées pour augmenter la performance en compétition et leur adaptabilité dans la vie de tous les jours. En compétition, il a fallu pousser le chien à exécuter des tours toujours plus performants et il est évident que le lien affectif atteint vite ses limites ! Alors l’artifice, qu’il soit alimentaire ou autre, et l’attachement que le chien lui voue par travail, par penchant naturel, par nécessité, par automatisme a permis d’augmenter cette performance. Dans la vie de tous les jours, le maître et son chien n’ont d’ambition que de trouver un « compromis affectif » qui les relie l’un à l’autre. On ne recherche pas la performance. Juste un équilibre où chacun trouve sa place dans un respect mutuel. Si la méthode positive ne me parait pas applicable au quotidien et me semble surtout un échec relationnel, puisque le chien présente plus « d’affection », voire d’addiction pour l’artifice que pour son maître, le contenu éducatif « classique », inspirée de l’obéissance de compétition et prôner par les méthodes classiques (Coercitives pour les indélicats !!) est tout autant inapplicable. Elle est même encore plus pernicieuse que sa consœur en augmentant les risques d’échec relationnel et éducatif du chien et en augmentant surtout les conséquences de l’abandon, de l’euthanasie et de la médication. En effet, le maître construit sa relation sur une sorte de robotisation et de conditionnement, en créant chez le chien une espèce d’addiction ou de réflexe au travail. Nous sommes dans le lien “robotisé”. Si sur un « ring », c’est inévitable, voire indispensable, peut être pouvons-nous, nous poser la question de savoir s’il est pertinent de l’appliquer aux particuliers, qui n’ont ni les techniques pour la mettre en place, ni le temps pour la construire correctement ! Cette approche demande de la rigueur excessive, de la constance, de la régularité, de la méthode, du temps et beaucoup de savoir-faire, que la plupart des maîtres ne possèdent pas et qu’ils devront apprendre. Pour ça, ils devront être extrêmement motivés. C’est là où le bât blesse. La motivation ! L’ont-ils vraiment ? Pas nécessairement. La plupart s’imagine que le lien se construit naturellement et qu’un chien s’éduque tout seul. La plupart des maîtres, qui manquent de temps, s’imagine que cette approche en demande trop et ne sont donc pas motivés à l’appliquer. Ils sont facilement identifiable par un leitmotiv qu’ils répètent en boucle : « je ne veux pas d’un chien de cirque ! ». Alors pourquoi peut-on incriminer ce “contenu éducatif” et le rendre en partie responsable de l’échec ? Tout simplement parce qu’il ne motive pas le maître moderne à franchir les portes de ceux qui le pratiquent. Ils se découragent en pensant avec raison qu’il faut du temps et de la méthode, qui seront difficile à fournir pour le premier et à acquérir pour la seconde. Alors, ils se débrouillent seul, tapent sur un clavier, surfent sur internet et se perdent dans les méandres obscurantistes des conseils qui pour la plupart sont dictés par une volonté de commerce, d’image, d’égo ou de marketing. Les maîtres mélangent, ne comprennent plus, n’osent plus et échouent ! Voilà où conduit le lien utilitaire, soit « je t’achète », soit « je te conditionne tant et tant que tu exécutes sans réfléchir, comme un robot, comme une machine programmée ». Je n’y souscris déjà pas pour mes chiens, alors pour les chiens de mes clients !!! LE LIEN AFFECTIF: Attention, soyons prudent en utilisant ce mot. L’affection est un attachement que l’un voue à l’autre et réciproquement. Il se construit au départ dans la sécurité que le plus « fort » dispense au plus faible, qui lui est vulnérable. Il ne faut pas confondre « affection » qui peut être employé « caninement » parlant et « amour » qui me semble inapplicable et très anthropomorphique. Bien que j’ai pu ressentir parfois durant ma vie passée au contact des chiens, un sentiment fort et palpable entre un chien et son maître, entre certains de mes chiens et moi-même, je crois difficile et dangereux de le comparer à l’amour. Je ne crois pas qu’un chien puisse « aimer » comme un humain. Mais je resterais prudent en ce sens que je ne suis pas un chien et qu’il me semble hasardeux, voire prétentieux de définir des hypothèses ou des théories que l’on base sur l’observation. Nous pourrons faire ce que nous voudrons, jamais nous serons à l’intérieur du chien pour connaître vraiment ce qu’il ressent. Le lien affectif est une sorte de lien social renforcé, qui s’est construit sur une multitude de liens, vital, utilitaire, récréatif, environnemental, avec parfois un soupçon de pathologie, une dose de corruption et un « nuage » de contrainte ! L’affection se construit dans la sérénité, la patience et le plaisir d’être ensemble. Le véritable enjeu pour le maître est de savoir ce qu’il attend de son chien et de connaître le lien qu’il compte tisser avec lui. A partir de là, il sera facile pour l’éducateur d’adapter sa pédagogie. Je préciserais que le lien affectif dépend bien entendu du maître, de son investissement personnel, de sa technique, son savoir-faire et du temps, mais qu’il est tributaire aussi et surtout du chien, de la race, de son tempérament, de son vécu, de son âge, de son sexe, de tout ce qui fait sa personnalité, qui peut être multiple et très complexe. En fonction de cette dernière, le maître devra s’adapter et ajuster sa méthodologie. Mais n’oublions pas la plupart d’entre-eux sont novices ou inexpérimentés et qu’il sera difficile pour eux de doser juste ! C’est pourquoi, l’éducateur canin reste et restera incontournable ! EN CONCLUSION: Je dirais que le lien est multifactoriel. Il est protéiforme. Son origine est variée. Mais si j’observe la plupart des binômes que je croise, je dirais que l’essentiel des liens que les maîtres ont construit avec leur animal est bien souvent utilitaires ou pathologiques. La plupart des maîtres n’ont pas réussi à sainement et psychologiquement s’unir à leur chien. Et pour cause, l’enseignement prodigué aujourd’hui l’occulte totalement. Aussi bien pour la méthode positive, qui est ni plus ni moins qu’une corruption, que la méthode « classique », qui est une sorte d’endoctrinement, de réflexe militarisé, qui pousse le chien à obéir par mécanisme, plutôt que pour l’intérêt qu’il voue à son maître. L’échec relationnel et toutes les conséquences qu’il induit, est en grande partie du à l’inadaptabilité des produits éducatifs mise en avant. « Entre acheter son chien ou le conditionner à obéir, il y a un juste milieu ». Je ne dis pas que les méthodes proposées ne sont pas efficaces, quand elles sont bien appliquées, je vous explique juste qu’elles me semblent inadaptées, attendu que les maîtres n’ont ni le temps, ni le savoir-faire pour les appliquer. Elles sont beaucoup trop chronophages, dans un monde où le temps manque. Il faut tenir compte de l’évolution de la société et de l’homme et proposer un compromis éducatif facilement applicable. La question du lien que l’homme veut entretenir avec son animal est fondamentale et permettra au professionnel de construire sa pédagogie plus judicieusement. C’est pourquoi, se revendiquer d’un côté comme de l’autre « positif » ou « coercitif », deux mots qui ne veulent rien dire, tant il semble difficile d’être pleinement l’un ou l’autre, est non seulement contre productif et inadapté, mais est surtout dangereux, voire inconscient, compte tenu que les deux favorisent la misère canine. Le lien se construit dans la simplicité. Encore faut-il que le professionnel que le maître rencontrera le soit resté. “Le lien se construit dans l’exclusivité, qu’il soit individuel ou familial. Plus il y aura de distractions, moins il y aura d’attention. Les distractions favorisent la dispersion d’esprit, qui ne permet pas de capter le regard. Au nom de la socialisation envers les congénères, on a occulté ou mis de côté la construction, le rapprochement de l’homme et de son chien ».C’est une erreur, une maladresse qui non seulement détourne le maître de son chien, mais qui plus grave encore, détourne l’homme de l’animal. Car beaucoup de maîtres qui ont été dans l’échec relationnel avec l’animal, ne prendront plus de chiens et s’en détourneront définitivement. L’échec relationnel a nourrit un souvenir douloureux qu’il est inconcevable de reproduire. L’adaptation de nos méthodes, du contenu de celle-ci, d’un enseignement épuré, plus simple permettra aux maîtres d’être dans la réussite et la continuité. Si nous ne permettons pas au maître d’y parvenir, nous casserons l’intérêt qu’il vouait à l’animal et par voie de conséquence, et plus terre à terre, plus économique, plus réaliste, plus « mercantile », nous détruirons nos métiers. Pourquoi prendre un chien ou en reprendre un, quand les maîtres ont connu la misère canine ? Prendre les maîtres pour des “imbéciles” peut être dangereux et occulter que leur expérience douloureuse les conduira forcément sur le chemin de la ré-adoption en se promettant d’être meilleurs qu’ils n’ont été, est un manque de respect d’un côté et un véritable optimisme de l’autre !! Pourquoi prendre des cours qui dans la plupart du temps nous conduisent à l’échec, ou sont trop prenants ou paraissent trop structurés par rapport à notre attente, qui est la simplicité ? Les questions se posent ! Mais ces questions ne sont pas d’actualité ! Non, l’actualité, l’urgence du moment est la guerre, celle de l’égocentrisme. L’abandon a encore de beaux jours devant lui ! Bonne journéeEtienne Girardet